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Obscurantine

by OBSCURANTINE

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1.
________________________________________________________ La nuit les escaliers mécaniques dorment Loin des ormes ornés comme des sapins Ils se cabrent à minuit et arrêtent leur déroulement de Sisyphe Une patte en l’air jusqu’au lendemain Enveloppés dans la lumière légère des diodes qui chuchotent Ils rêvent La nuit les rames de métro restent à quai Et le silence règne sous terre jusqu’au premier vrombissement Sauf sous les monceaux de couvertures sales et bariolées Soulevées régulièrement par le souffle des corps invisibles Et prolongeant les fresques carrelées qui éclatent de froid La nuit le sang cesse de couler Dans les artères de la ville la nuit Que j’ai traversée de part en part me remue en journée Ma tête inclinée sous le fardeau du sommeil Ma tête comme la pointe d’une épée qui ruisselle Signe de la basse besogne achevée La veillée a marqué mon visage Et mit de l’écarlate dans les yeux Les plus petits vaisseaux ont cédé Brisés de fatigue J’ai pris la relève de mon propre tour de garde Bientôt la nuit me bercera Et son manteau veillera mon silence J’éprouve comme une sorte de liberté coupable D’aller contre le rythme commun Des hommes de mon temps La nuit décélère et dégénère en oubli Vj ________________________________________________________
2.
Obscurantine 02:00
_________________________________________________________ Le souffle manquant Les diables souffrent en progressant Dans les galeries obscurantines Où ne brille que leur front Le dédale des entrailles du mont Avale avant l’aube andine Ceux qui abattent le minerai La poitrine et le visage défaits Au dehors c’est le sourire édenté D’un vieillard de quarante ans Qui parle seul et suffisamment De la mort lente accélérée Car les diables pour jouir du froid Au revers des lunes souterraines Inhalent sur le chemin de croix La fine poussière péruvienne Et quittent mourants la galaxie De Compostelle pour les damnés Où Perséphone ne les gracie Que le temps d’y retourner La soif d’oxygène aux enfers S’épanche dans la feuille de coca Elle est le souffle nécessaire Aux diables de là bas Elle est la barque salutaire Des vieux sur le grabat Elle est le vaste sanctuaire Des descentes au sabbat Elle est la source d’espérance Des hommes qui dans les mines Font danser les nymphes obscurantines Vj ________________________________________________________
3.
________________________________________________________ Compatis Compatis Compatis Et nous compacterons nos compassions À cinq heures une minute tous ensemble Nous nous regarderons comme des cons Compatis Compatis Compatis Pense aux cent cinquante deux âmes Parties Parties Parties Ramper sous les débris de l’avion Compatis Compatis Compatis Prie pour qu’on mette un nom Sur ces lambeaux de chair en désordre Sur ces vilaines dentitions Compatis Compatis Compatis Et fais chuter le cours des compagnies Qu’elles pâtissent bien des dégâts Et paient le prix des passagers rôtis Silence on identifie les corps On déleste le fardeau Quand les gènes parleront On desserrera l’étau Qui tient le cœur des familles meurtries Plus françaises que jamais Au centre même de Paris Nous sommes tous antillais Ces familles on les filme Et on les fait parler On leur parle On leur installe une cellule psychologique Le deuil ! Voilà ce qu’elles entament C’est parait-il un travail Un travail bien long Un travail qui ne paie pas Et qui vous occupe toute une vie C’est à les entendre dire un bien mauvais investissement Pas de contrepartie À part une célébrité macabre Trois plans de larmes à la télévision Pour cette dernière, faites pâle figure Faites le jeûne de la blague La grève de la poignée de main Une défaite de sourires Une mine de drapeau en berne Auscultez vous le dedans Recueillez vous Montrez comme l’entreprise s’unit Comme elle s’unit en silence Comme elle s’unit une minute Et qu’elle oublie les profits La minute est finie Bouffi le pays sort De sa courte léthargie Mais combien de fois vous le dirai-je ? Pas besoin du grégaire Pas de bras étrangers à la tragédie Qu’on est besoin de serrer Les ondes qui pleurent m’énervent Gardez vos hommages répugnants Gardez vos enfants loin de ces cérémonies Je suis comme eux Seul Je pense mille fois plus aux morts qu’en votre compagnie Vj ________________________________________________________
4.
Parenthèse 04:40
________________________________________________________ Loin des autres Ivres et le cul par terre Dans du social à deux Et dans la force de l’âge Et dans sa terrible singularité Nos deux corps engourdis Traversés par le sang des rois Ont parfaitement veillé Jusqu’au petit jour étranger Saupoudré de bosquets cibles Et l’aube comme une Artémis Et l’aube qui n’en finit pas de faire la discrète De jouer les prolongations La chrysalide est un passage Hérissement du poil à quatre mains Comme un courant d’air Comme un souvenir anodin Comme le souvenir anodin d’un courant d’air Et coq au loin Et mauvais vin dans nos verres Un fond Et on le boit dans un fou rire Et plantés là dans l’usine à Colza Premier regard sur le monde Et premier flash Et rien pour écrire Comme une poignée réticente De l’éphémère et c’est tout On nous extrait de la nuit Ca y’est La topographie des lieux tousse Et nous soulève Et nous dérange Et dernier spectacle messieurs Et ça y’est Mille rubans partent s’amenuiser dans les quatre directions Plus que quelques mètres maintenant Et ça y’est Nous sommes touchés Nous nous remettons en marche en nous blindant l’ego Et nous savons En nous dirigeant vers la maison bicentenaire Que nos vies reprendront à l’exact endroit où nous les avons laissées la veille Vj ________________________________________________________
5.
6.
________________________________________________________ Entrons Entrons Précipitons nous à l’intérieur du wagon Celui-là ne me convient pas celui-ci non plus Pas de place attrayante me voici remontant jusqu’au bout de la chaîne Derrière la locomotive Là où tout tremble Là où le bruit rien que le bruit ne laisse plus rien entendre On ouvre les sas à la file indienne Chacun de ces sas est une voie de communication Un lieu noir, agité, habité par le vacarme assourdissant de la fuite sur les rails Enfin installé près de la fenêtre, je fatigue mes yeux en effectuant d’incessants allez retours J’essaie d’aller plus vite que la vitesse qui nous jette Il y a tant de choses à embrasser du regard D’autres fois ces paysages bien connus m’ennuient Je me détourne de leur danse Mais tout ce flux de choses en ligne droite Un puissant travelling de gauche à droite nous fascine Le dehors est aussi le moyen de ne pas se faire remarquer des gens du dedans Je m’amuse de ne pas être de ceux qui ne supportent le voyage qu’assis dans le sens de la marche Je me dis qu’en cas d’accident ce seront eux qui seront projetés La décélération brutale me clouera sur le fauteuil et peut-être que le voisin de devant embrassera mon nez Je vois défiler le temps et les baraques grises du centre de la France Je pense à ma vie qui défile depuis mon enfance Je vois défiler les trains J’entraperçois des mains, des annulaires sans alliance Des collants de laine qu’enserrent les jambes du mois de novembre Le brouillard est partout et réduit la profondeur du monde J’imagine au-delà tous les climats possibles Des étrangers convulsifs comme moi agités par les mêmes pulsions Celles qui justifient nos pudeurs De là où je vous parle, défilent des plongées sur les jardins minuscules et ce doit être bien beau que de voir son thé frémir au passage des convois De là où je vous écris je ne vois que des rails Comme de longs cheveux noirs sur lesquels nous glissons presque naturellement Des grues discutent avec des flamands unijambistes Et c’est l’occasion pour les arbres de se tordre de rire Ils éternuent des feuilles et confectionnent des tapis sans respecter les clôtures et les chaussées Le vent se charge d’accentuer le désordre Enfin, il suffit d’un long mur pâle qui n’en finit pas de se cloner pour se réjouir de voir à sa surface les traces picturales de la nuit De grandes lettres mariées les unes aux autres et hautes en couleurs se succèdent Typographie bariolée fonce comme une pellicule dans l’appareil de projection Un film de plusieurs centaines de mètres est lancé Joie vive triste révolte anonyme La mobilité aujourd’hui ? C’est la ville, la campagne et la ville à nouveau Le tout en moins d’une heure de trajet Vj ________________________________________________________
7.
________________________________________________________ - J’emmerde le public Mais attention je vends Je célèbre mon public Hé ! Tu m’entends ? Je mens comme une république Je mens à beaucoup de gens Je me fous de l’Afrique L’Afrique c’est chiant "Je" est un autre - Du mythe, du mythe, du mythe, du mythe, du mythe - "Je" c’est les autres ! - Panique ! Panique ! Panique ! Panique ! Panique ! - Je doute de ma santé psychique - C'est bien, enfin, sûrement.... - Me considérant, je m’imite - Hum… intéressant… Vj ________________________________________________________
8.
________________________________________________________ Un père assis préserve son enfant de ses rêves légitimes Ceux d'une projection dans un corps d'adulte Sans aucune limite vraiment Un corps futur calqué sur une future ombre qui se conforte C’est le pari innocent d’une personnalité en marche Le père dit à sa graine que ses rêves sont légitimes Et la graine s’invente des rêves Et des nouveaux Et des nouveaux Elle pousse dans tous les sens Pour agripper des pommes Goûter la moutarde Elle s’étend Elle s’étend Bientôt la graine commence à se douter que certains métiers se jouent d’elle Qu’ils fuient sans le dire En nous laissant supposer qu’on fera tous les métiers Que eux ne sont pas partis Mais qu’ils n’ont jamais vraiment existé pour elle La graine l’enfant les rêves persistent Et des métiers affirment qu’ils les feront tous À puits-pierre-feuille-ciseau on s’accorde maintenant à se désengager à l’avenir du vol professionnel de rubis Mais à part lui on les fera tous J’aurai le choix Tu auras le choix Nous aurons le choix Papa assure à sa graine que les astronautes ont eu le choix Et aujourd’hui ils rient au hublot de leur station Dans l’esprit de son enfant la station dérive lentement Son timonier est le Chaos Les embrassades à la santé des aventures se multiplient là dedans Chacun parle de son propre chemin de croix Celui qui tend vers une esplanade Un autel de marbre blanc sur lequel la réalisation d’un rêve se métamorphose en vocation Confidences pour confidences On boit des petites planètes vertes à la santé de Peter Pan Et entre éclats de rire et sourires aux filles Les uns après les autres ont fait nos adieux à la terre bleue des parents Ingrats et innocents Ainsi perlent des moments bénis Et des heures plus longues que les sommeils du soleil s’étirent Et s’étirent Encore Jusqu’à la nuit Un point caché ou une union amoureuse C’est la face cachée d’un astéroïde qui fait une couverture de néant à la station Une couverture noire de vide Il perle des moments bénis Au hublot les legos de M.I.R s’enfuient Comme autant de vêtements où s’emmitoufle un vaisseau Pour renforcer la coque certains sortent dehors Ces marins du vide qui donnent vie au vaisseau sidéral dont la gigantesque station accouche Naturellement Sans effort En semant dans son sillage les eaux Les débris de sa carapace Les flottements de la vie en bas âge commencent Quelques cris L’enfant dort Le père se tait et ferme son conte Il se tait Se lève et ferme la porte Qui mime les murs Ecoute et réfléchit Elle tombe dans des abîmes Pour écrire se mutile Et anticipe la chute du rêve de l’enfant pendant laquelle la pesanteur n’est plus Là Quelques zémophiles spationautes s’ébahissent de crever loin Vj ________________________________________________________
9.
________________________________________________________ Il était une fois Un roi Qui dans sa robe de soie Observait les tracteurs de fer Se renverser en arrière Il avait le choix Le roi De ne pas regarder ça De son toit Où en tous cas pas de si bon matin Puisqu’il ne travaillait pas Il gouvernait Mais ce roi blanc D’antan jadis etc. S’obstinait à ne pas manquer le début du spectacle En tout cas pas Et ce en aucun cas Le premier tracteur qui tomberait à la renverse Là bas loin dans les champs Aux limites de son petit royaume Les crans des pneus au branle bas de combat À l’aube sans qu’il ne les voient Il ne supportait pas Le roi En aucun cas Louper le premier faux pas Ah ça Quand ça se produisait Ca le mettait dans une colère royale Qui vidait les salles de bals Un tsunami dans le canal Ah ça Quand il est tout rouge votre roi blanc Vous cherchez pas à faire les finauds Vous ne rendez pas hommage à son cul Ni a son bidet ni a son PQ Vous filez droit dans vos terres Fermant les verrous derrière vous Trop peur Pire encore était la situation des paysans du roi Le malheureux qui était le plus à plaindre Était celui qui avait démarrer et renverser son tracteur le premier Ah malheureux Voilà ce que te coûte ton inconscience Tu vas rôtir à feu doux Puis à feu fort Puis à l’étuvée Puis on te farcira les oreilles Avant de te repasser à la broche Et tu finiras sous cloche Pour le juge d’instruction Qui s’intéressera à toi En vue de ton procès contradictoire Ah pauvre malheureux Que le roi te rattrape Et tu seras le roi des médias Le gredin qu’on voudrait pas croiser Grillé et brûlant comme le diable Quel traitement Le roi confisquera ton tracteur Qu’il installera de ses mains au sommet De sa tour de tracteurs Si la tour de tracteurs dépasse celle du donjon En hauteur pas en largeur Ni en volume Ni en masse atomique Le roi abdique Et part garder des biquettes Au pays des bergers Notre roi déteste voir croître la tour Mais il n’y peux rien il a signé Quand la tour est plus haute Il part Et sans forcement laisser l’adresse Ni le numéro de téléphone portable Du mouton qui va l’héberger C’est pourquoi le roi Touche du bois Pour pas Surtout pas Jamais de son vivant Avoir à rendre des comptes Sur les chaussettes américaines Qu’il a dérobées à Denver Mais toute cette sombre affaire Est pleine d’ombres portées A peine inquiétées Tout ça mon roi Tu ne le cacheras pas longtemps Il était une fois Du temps où on ne le comptait pas le temps La Loi Vj ________________________________________________________
10.
Portes 03:20
11.
Néo Tokyo 04:30
________________________________________________________ Taisez-vous ! Les morts parlent… Ils discutent de leurs accidents respectifs Ils se plaignent tous du lieu commun de leur grand saut Trop froid ! Ils aimeraient reprogrammer leur crépuscule d’êtres vivants dans un autre paysage que celui dans lequel ils sont à présent Ils discutent au carrefour Néo Tokyo Où les lumières bleues et la tôle froissée sont dérangeantes Le carrefour reste entier Plein comme un œuf de morts qui réclament la parole et d’autres plus âgés le silence Silence ! Le carrefour est une esplanade Les anges s’y rendent à l’aide d’échelles ralliant la lune Et fixées aux quatre puissants réverbères Néo Tokyo est là tout entier L’endroit de passage où le réel sombre dans la fiction Toutes les frénésies vertigineuses de Néo Tokyo envahissent l’esprit de celui qui passe la nuit au carrefour Et qui se tait pour les morts ! On ne les déconcentre pas en chantant au carrefour On ne les déconcentre pas en chantant au carrefour On se tait Et on accélère… Vj ________________________________________________________

about

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POUR LA PETITE HISTOIRE


– Les textes que nous vous proposons de découvrir sont le produit d’humeurs et de révoltes espacées dans le temps. Tous ont emprunté de multiples voies avant d’acquérir leur forme définitive. Mais cette dernière est toujours relative et nombreuses sont les histoires qui continuent de s’écrire après que leurs auteurs les aient abandonnées. Nombreux aussi sont ces textes qui appellent un travail de longue haleine, ces œuvres qui n’appartiennent pas à la maigre catégorie des « livres révélés ».

– Et l’illumination ?

– Un effet littéraire.

– Du point de vue des sujets abordés tout au long d’Obscurantine, il est apparu a posteriori que la narration écorchait plus assidûment certaines terres que d’autres : L’ENFANCE (ou le souvenir de la grâce), LA MORT (une absurdité cohérente), L’IMPACT social et psychologique des mobilités individuelles (un sujet trivial autant qu’académique). Est-ce suffisant pour soutenir l’idée que cette prose forme un ensemble homogène ? Nous ne le pensons pas, simplement parce que les textes que vous allez entendre ne prétendent à aucune autre unité que celle qui leur est propre. Pourquoi ont-ils été écrits ? Pour soustraire à l’oubli un moment, une émotion, un sentiment, un cri…

Bien sûr, il est tentant d’affirmer qu’il ne pouvait en être autrement – au moins pour justifier l’ardeur qui a nourri la composition – mais, qu’on ne s’y méprenne pas : il s’agit d’un acte gratuit, largement tributaire du reste, c’est à dire de tout, du grand Tout, comme du besoin impérieux d’examiner ses selles. Ce recueil ne prétend à aucune homogénéité, mais agrège plutôt des bouts d’expériences transcrites sur la page. Celui qui espère y débusquer un « spectre littéraire » baladant ses chaînes et ses idées fixes risque fort d’être déçu. La lecture en filigrane a du bon, croit-on, pour pister les fils d’Ariane. Or, nous ne fournissons en annexe aucun plan du labyrinthe. D’ailleurs notre Ariane tricote des chaussettes à l’ombre des saules et n’a pas de sœur du nom de Phèdre.

– Elle tricote ?

– Nous plaidons pour une toute autre autopsie du verbe !

– Ca on connaît.

– Nous croyons à son alchimie ! À la couleur des voyelles ! Au corps sonore des mots !

– Mais oui…

– Partant d’un point de départ, le texte, plat, écrit, aplati, il restait à lui donner vie sur la bande.

voix A : « le bonheur n’est plus dans le pré, il est dans l’emploi ».

– Et cette naissance se fit d’abord par la voix, plus particulièrement, par le ton du récitant, ampoulé, emphatique, aéré, grandiloquent, pompeux, cérémonieux, trop gonflé et pour tout dire gonflant. Enfin bref, le ton qui avait auparavant accompagné et guidé l’écriture à voix haute. Ce postulat nous éloigna d’emblée des chemins qu’avaient depuis longtemps empruntés la poésie action et/ou sonore.
Voix B : « le temps qui passe accélère, accélère, accélère, accélère, accélère, accélère, lors des, lors des, lors des, lors des, [Oh ! L’ordure !], l’or des naissances de b É b É s !!! ».

– Quelque chose de plus classique en somme. Quelque chose qui nous rapprochait du conte, voire de la poésie antique psalmodiée, la versification en moins. Puis, le gros du travail consista à créer de toutes pièces un univers sonore propre à chaque texte. Nous décidâmes de cela en avril 2006, suite à l’écoute d’un premier enregistrement de La Nuit décélère.

voix B : « accélère, accélère… »

– En effet, c’est au cours de ce printemps que naquit véritablement le projet qui, au terme de multiples pérégrinations, a abouti à l’objet que vous avez sous les yeux. Le même mois, nous baptisâmes l’aventure du nom du poème éponyme Obscurantine et, très vite, nous prîmes conscience de tout ce qu’une telle entreprise requérait comme investissement. De la sueur et de l’eau ont coulé sur nos fronts et sous les ponts ! Puisse cet opus garantir que nos efforts ne furent pas vains.

– Oh que c’est vilain !

– Mais, trêve de larmoiements ! Venons en au fait, c’est-à-dire au son.

– Bien… mon amie Banquise, Marquise de Frigo Plus, et moi-même commencions à désespérer.

– Tous les sons que vous entendrez ont été enregistrés par nos soins. AVIS aux curieux ! Vous trouverez plus bas un répertoire de nos cliquetis, craquements, clameurs, sifflements, soupirs, crissement et déflagrations. C’est que le parti pris de la création originale interdit tout recours aux sons dits « de deuxième main », ce qui signifie que ce que vous croirez être l’échantillon d’un titre déjà produit, distribué et vendu ne le sera assurément pas. Inutile de s’obstiner ! Car ce genre de découverte ne témoignera de rien d’autre que des égarements de votre imagination débordante !

– Dis donc, il s’énerve le petit.

– Une fois extraits du réel, ces sons ont fait l’objet d’un montage mobilisant…

Voix C : « et mobinisant »

– …souvent un grand nombre de pistes ainsi que plusieurs mois de labeur. L’ambition de nos montages a toujours été d’habiller le texte par le biais d’illustrations et de suggestions sonores. Ces deux procédés, nous les avons soigneusement soupesés en vue d’obtenir un certain équilibre entre ce qui devait être explicitement – c’est-à-dire de manière sonore – exprimé et ce qui ne nécessitait qu’une ambiance, à l’instar des fonds sonores de La Nuit décélère et des Zémophiles spationautes. À leur propos, la première dispose d’une garde personnelle composée d’épées qui ne ruissellent devant rien ; les seconds sabrent l’espace-temps avec des ciseaux. Ainsi, s’il existe « un fil conducteur », il faudra le chercher dans la facture sonore davantage que dans les mots. Madame ! Tenez vous prête à surfer sur les ondes d’Ariane. Mais, quoiqu’il en soit : nous plaidons pour l’abolition relative des repères musicaux !

– Ça fait beaucoup ! Et son tricot ?

– Les musiques d’ Obscurantine sont dansantes pour qui sait danser au rythme du Train Corail. Toutefois, il est fortement déconseillé d’animer vos soirées cocktails avec ce disque. Vous lasseriez ceux qui veulent faire la fête.

voix D : « Les voilà ! ce sont les oiseaux de nuit ! ».

voix E : « Alors, très vite, tous les clients du bar d’Aicha se précipitèrent pour tourner le verrou ».

– C’est qu’ici l’écoute requiert un minimum de concentration, Monsieur. Et vous Madame, soyez en assurée, vous vous interrogerez sur l’arrachage concerté des bornes à 4/4.

– La rythmique ?

– Un train ! Mais plus tard elle sera monnaie du pape, tandis qu’ailleurs l’Aurore surgira d’une mélodie de courant d’air…

– Il se fait poète, Banquise !

– La Musique n’en reste pas moins l’art de combiner les sons tirés de la vie, puisque la vie elle même est poème. Tenez, l'angoisse préliminaire de l'explosive Néo Tokyo est tissée avec la joie d’une victoire footballistique majeure. Il se dégage des foules en liesse le doux parfum des massacres…

– Oui ! Le foot c'est fou.

– Je lis de la perplexité sur vos sourcils en circonflexe renversé. Au vrai, je me demande si vous ne comprendriez pas mieux notre démarche artistique à partir d’une belle absente.

– Envoyez ! Envoyez !


Le temps s’est déversé nu jusqu’à ce résultat ambigu
À l’origine pointait le désir de participer au chahut
Le harpon de l’Inconnu banni vînt corrompre notre flan
Et nous emporta sur l’orbite des sons animés
Tantôt chancelants pendant la traversée des obédiences
Tantôt chambellans chanceux des bienfaits de la Danse
Ici lisez l’élégie de l’expérience trouble des vents
Souffleurs robustes aux cuivres de l’âge d’Adam
Accompagner les diables dans le royaume de Perséphone
Par le truchement savant d’un téléphone bourdonnant
Débute la lutte aux mots crus des balafrés de la vie
Affranchis du Mal angoissant : partir loin, partir droit dans nos Bruits


BANQUE DE SONS


Ascenseur bloqué
Bidule étiré
Bip GRZ
Bip Ma 1
Bip tududu
Chaise de bureau
Clochette A
Clochettes A & B
Compostage en série
Contre arpège
Disto X
Eau bassine
Escalier 3 + annonce
Escalier 4 + frottements Escalier 5 + sifflement
lourd
Escaliers + Clés
Escaliers béton
Escalier fin & chute
Fleuret
Foule TV
Frottement chaise
Goutte
Grincement b1
Grincement c1
Grincement lino
Grincement porte escalier
Guitare basse
Guitare classique
Haut d’escalator
Horloge A
Horloge à billes
Horloge bureau
Horloge LB
Hum
Hurlement
Larsen interphone M
Long buzz
Lubrano vs Maiz
Machine à laver A
Machine à sous
Machine B
Maracas
Mm
Oeufs
Orage 26.07.06
Ouverture ascenseur
Pff
Pluie terrasse
Porte bidule2
Porte caoutchouc 3b
Porte entrée
Porte four B
Porte four L
Porte grinz
Porte longue 4a
Porte saloon
Porte SDBL
Porte sous sol
Porte terrasse ratée a
Radio XMO
Rambarde escalier 1
Respiration 1a
Sifflet
Son Bass delay 4
Son CFA
Son couvercle c
Sonnette HR extérieure
Sonnette L intérieure
Sonnette M
Son Memory Man 2a
Son trou
Soupirs 1
Stratoson
Thème gratte
Train à l’approche
Train en gare2
TV buzz L
TV C
Umm
Vox speedmix


Obscurantine

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credits

released March 27, 2013

Obscurantine [Victor Jorge & Anton Mobin]

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OBSCURANTINE France

Duo de poésie sonore composé de Victor Jorge et d'Anton Mobin

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